samedi 30 avril 2011

L'abstention en question

30 avril, jour J-2.
À ma droite, les érables bourgeonnent accompagnés du chant des oiseaux par un beau samedi ensoleillé. À ma gauche, les papiers d'impôts traînent sur le plancher. J'ai encore du pain sur la planche avant de pouvoir profiter de la journée, mais je veux prendre quelques minutes pour jeter sur l'écran des réflexions sur l'élection. Les jeux sont faits, ce sera fini après-demain et les bénévoles vont maintenant mettre tous leurs efforts à faire sortir le vote.
C'est important de voter. Quand on dit que voter est un devoir civique, ça ne veut pas dire qu'on s'expose à des sanctions officielles comme une amende ou une peine de prison. J'ai lu, je ne sais plus où, qu'il y a des pays où le vote est obligatoire et d'autres où les électeurs sont payés pour se rendre aux urnes. Je préfère notre système, où l'acte de se déplacer pour voter a une signification claire pour tout le monde. Notre système n'est pas à l'abri de pressions de la part des partis, mais au moins chaque bulletin de vote est déposé par une personne physique différente et «faire sortir le vote» est bénéfique pour l'ensemble de la société.
Mais voter pour un représentant politique ne doit pas être une corvée. Le vote est un devoir civique parce que c'est un exercice du pouvoir que nous avons tous individuellement et que nous déléguons temporairement à des élus. Nos élus nous représentent. Lorsqu'on dénigre des personnalités politiques, et il ne faut pas l'oublier, on s'attaque à nous-mêmes. Voter est un devoir parce qu'on le fait pour le bien commun.
Mais ne pas se prévaloir du droit de vote est aussi un acte légitime. L'abstention est un désaveu du système politique en place et un taux d'abstention élevé indique que quelque chose doit être corrigé. Mais par qui? Voila la question. Voila le paradoxe de la politique.
Collectivement, le devoir civique commande à la société de faire tout en son pouvoir pour rétablir la confiance de la population envers ses élus. Sur le plan individuel, tout dépend de la situation politique. Parfois, il suffit de  consacrer du temps et de l'énergie à  créer de nouvelles structures rassembleuses, comme de nouveaux partis. D'autres fois, ceux qui détiennent le pouvoir ne veulent plus le lâcher et alors il faut changer complètement l'organisation de la société.
Ma solution préférée, c'est la moins évidente de toutes. Il s'agit d'enseigner la politique à tous les citoyens. Le marasme social actuel fait en sorte que la majorité des citoyens ne savent plus en quoi consiste le travail d'un parlementaire, ni pourquoi nous avons un tel système en place. Le désir de changement de la population se transforme alors en dégoût pour la classe politique et des propositions radicales deviennent populaires et sont reprises par les partis. Des citoyens qui ont appris la politique sont mieux en mesure de comprendre les implications des changements qui leur viennent à l'esprit.
Évidemment, l'éducation, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut y mettre le temps et inscrire ça au programme d'études obligatoires. Et en tout premier lieu, il faut convaincre la population que c'est bénéfique à long terme pour la société. C'est pour ça qu'il faut enseigner l'histoire, les expériences politiques de l'Antiquité et du monde moderne. Pour éviter de perpétuer les mêmes erreurs. Il faut aussi que les élites en place partagent ce même désir d'améliorer tous les citoyens. Les médias, les intellectuels, les politiciens, les groupes de pression, tous doivent adhérer à cette vision volontairement et sans contrainte. C'est pourquoi c'est la solution la moins évidente. Mais je suis persuadé que c'est la meilleure.
En résumé, allez voter lundi pour garder notre démocratie en santé et non pour vous décharger de votre devoir. Allez voter de bonne grâce. Sinon, soyez prêts à vous investir en politique et à y consacrer tous vos efforts.
Si vous êtes paresseux comme moi, vous irez donc voter. ^_^
François Genest
Twitter: @FGenest

mercredi 27 avril 2011

Discussion sur le site du Devoir

Je reproduis ici les commentaires que j'ai écrits à la suite de l'article : «Duceppe n'avait pas vu venir le NPD» du 27 avril 2011.
@Benoit Fortin : Le NPD ne peut pas se permettre de fusionner avec le Bloc. Il perdrait trop d'appuis auprès de sa base. Tout au mieux, M. Layton peut reconnaître que la situation du Québec au sein du Canada est intenable et accepter d'en discuter avec M. Duceppe. Mais ce n'est pas ce qu'il a dit au débat.
@Jerry Paris : Le Bloc s'est aligné avec beaucoup de positions libérales (au sens classique) du gouvernement Harper. C'est ainsi qu'il perçoit les Québécois. Mais il s'est trompé, comme en témoigne la montée du NPD.
@Pierre Schneider : Et pourtant, les parlementaires du Bloc ont travaillé très fort sous la gouverne de M. Duceppe. Le véritable problème se trouve au Québec, où il y a une absence de leadership éclairé. Les Québécois qui ont vraiment à cœur le bonheur de leurs concitoyens doivent se manifester. L'intention de M. Legault était bonne d'entamer un dialogue avec la population, mais il écrit lamentablement mal et ne cite pas ses maîtres à penser. Avant de passer à l'action, il faut d'abord parler ouvertement, s'écouter et s'entendre. Je suis sûr que beaucoup de gens intelligents et ouverts d'esprit sont prêts à prendre la parole si on leur donne une tribune.
@Vitrillola et Caroline Moreno : Moi aussi, je souhaiterais voir les parlementaires expérimentés du Bloc revenir au Québec afin d'augmenter la qualité moyenne de la classe politique provinciale. Malheureusement, ce qu'on rapatrie ici, on le perd à Ottawa, là où des décisions majeures se prennent à l'encontre de nos valeurs et de nos coutumes. Il n'y a pas de solution facile à ce problème.
@Nunu : La politique du pire, préconisée par exemple par Pierre Foglia, ne fonctionnera pas. Les Conservateurs ont déjà fait la démonstration qu'ils peuvent impunément bafouer les valeurs traditionnelles canadiennes que nous avons en commun avec nos voisins hors Québec.  (Ne l'oublions pas, nous sommes plus proches des citoyens canadiens que des Américains en ce qui a trait à la justice, aux droits et libertés, à l'écologie, au rôle de l'État, etc. ) Si on redonne le pouvoir à Harper, il va continuer à modeler le gouvernement canadien à l'image des Conservateurs sans que nous puissions faire quoi que ce soit. Espérer un soulèvement populaire, n'en déplaise à M. Foglia, c'est stupide et irresponsable.
@Isabelle Lefebvre : Je suis encore hésitant. Ne pensez-vous pas que voter NPD envoie un message clair à M. Duceppe? Ce dernier semble penser que les Québécois partagent les opinions de M. Harper sur la sécurité et l'économie. En votant Bloc, j'ai peur que M. Duceppe reste sur ses impressions.
@Le Bluet : Je ne crois pas qu'une majorité de Québécois ne voulaient pas d'élections. Pour ce qui est des Québécois qui votent Conservateur, je ne pense pas qu'ils le fassent pour contrecarrer le Bloc, mais plutôt parce qu'ils croient que Harper leur donne une voix au gouvernement. Mais l'objectif de Harper est de réduire l'influence des groupes d'intérêts à caractère social. Est-ce que M. Harper va continuer longtemps à écouter les Québécois lorsqu'il n'en aura plus besoin pour conserver le pouvoir? J'en doute.
@Peter Kavanagh : LOL! Faites un peu mieux si vous voulez critiquer le Bloc.
@Jean St-Jacques : Harper est trop intelligent pour avoir promis quoi que ce soit au NPD.
@Rodrigue Tremblay : Je ne sais pas  ce que M. Duceppe répondrait réellement, mais je me propose de jouer le jeu de répondre à sa place:
1) Premièrement, il est impossible de savoir avec certitude les résultats d'une élection avant le vote. Le risque en valait la peine. Certaines choses vont à l'encontre de l'intérêt des Québécois et des Canadiens simultanément. La condamnation pour outrage au Parlement est parfaitement justifiée pour qui veut bien se donner la peine de regarder ce qu'a fait Harper sans se fier aveuglément à l'opinion d'autrui. Il existe énormément d'information sur les sites gouvernementaux qui sont occultés par les médias traditionnels.
2) Le sujet de campagne aurait dû être l'outrage au Parlement. Malheureusement, les partis d'opposition n'ont pas osé affronter les Conservateurs directement dans l'opinion publique et ont laissé ce travail aux citoyens ordinaires qui n'ont pas accès facilement aux tribunes qui rejoignent un large public.
3) Encore une fois, M. Duceppe ne pouvait pas savoir que le Bloc allait reculer, tout comme vous, d'ailleurs, ne pouvez pas savoir que le Bloc va effectivement reculer. Ce ne sont pas les répondants aux sondages qui élisent des députés, ce sont les électeurs le jour du scrutin.
@perro blanco : Vous soulevez un très bon point. Si on me proposait un État Québécois indépendant avec  la classe politique actuelle, je serais très réticent à acquiescer. M. Charest, M. Legault, M. Deltell sont tous de farouches défenseurs de la «liberté économique», un concept qui ne résiste pas à une analyse sérieuses des expériences dont on a été les cobayes dans les domaines de l'assurance, des produits dérivés et de l'immobilier. M. Khadir fait un excellent travail à Québec, un peu comme le fait le Bloc à Ottawa, mais son parti a encore beaucoup de chemin à faire avant d'obtenir la confiance des Québécois. Il reste Mme Marois, par défaut, qui reste une énigme pour moi. Elle a fait des erreurs dans le passé, osera-t-elle l'admettre?
Pour en revenir au fédéral, beaucoup de Québécois sont soulagés de savoir que M. Charest n'a pas les mains libres pour faire tout ce qu'il veut étant donné qu'il existe un autre pallier de gouvernement et la Cour Suprême. Mais est-ce que c'est un compromis acceptable dans le long terme? L'incertitude quant à notre destinée est très mauvaise pour le moral. La rancœur s'intensifie et on a juste le goût de frapper à l'aveugle en désespoir de cause. Pas bon, ça.
@Jean Lapointe : Ah! si seulement la souveraineté était un projet de société. Pour l'instant, c'est un simple slogan. Personne ne semble vouloir faire l'effort de décrire de quoi aura l'air son Québec souverain. Et pour cause. Dès que quelqu'un ouvre la bouche, il est vilipendé. Nous, les Québécois, nous nous regardons les uns les autres comme des chiens de faïence.
Tout le monde a son interprétation de la montée du NPD dans les sondages. Qui a raison? Vous dites que les Québécois ne voient pas l'utilité ou la nécessité de fonder un État Québécois indépendant. Vous avez raison, ils l'ont refusé à deux reprises. Mais est-ce que c'est la raison principale pour expliquer les résultats des sondages? C'est difficile à dire. J'aime bien penser que c'est en réaction au discours libertarien, c'est-à-dire la réduction de l'État à la police, les Cours de justice et l'armée et la déréglementation des marchés. Mais je n'oserais pas jurer là-dessus.
@Louise Hurteau : Bonjour Mme Hurteau :-)
Je souhaite tout comme vous qu'aucun candidat du parti Conservateur ne soit élu. Il n'est pas interdit de rêver, après tout. J'aimerais bien voir M. Layton faire une ouverture à M. Duceppe et M. Duceppe se distancier du discours libertarien. Je me croise les doigts…
@Gilbert Talbot : Le fond Créditiste est encore bien là et ce sont les mêmes (ou leurs petits-enfants) qui sont le plus séduits par le chant de Harper. J'aimerais bien qu'ils comprennent que les Conservateurs n'ont de conservateur que le nom. En réalité, ce sont plutôt des libéraux au sens classique. Vouloir faire des changement radicaux dans l'appareil gouvernemental et sans consultation, ce n'est pas conservateur.
@Leproff : Je pense que M. Dumont a perdu sa popularité en promettant l'abolition des commissions scolaires.  Les Québécois veulent du changement, et M. Legault a répondu à cet appel, mais je ne pense pas qu'ils veulent commencer par détruire avant de rebâtir.
@France Marcotte : Si M. Duceppe est fatigué, c'est parce qu'il s'est battu à Ottawa avec très peu de résultats jusqu'ici. J'admire tous les parlementaires qui se sont élevés contre les décisions injustes des Conservateurs. Et j'ai honte des parlementaires qui ont appuyé les décisions injustes des Conservateurs. Si le Bloc perd des députés, on ne pourra pas blâmer M. Duceppe, ce serait ajouter l'insulte à l'injure.
@Liliane : Merci! Tu es la preuve qu'il existe des gens qui suivent la politique régulièrement et qui sont capables de discernement.
 @Pierre Rousseau : Je suis d'accord avec vous sur le fond. Malheureusement, la droite et la gauche sont des termes galvaudés dans l'espace public. Les politologues s'entendent pour dire que ces termes décrivent des réalités sur lesquelles il est possible de conjecturer et de raisonner, mais le chroniqueur moyen ou l'animateur de radio ne semble pas comprendre ce que ces termes veulent dire. Même Michel Kelly-Gagnon de l'IEDM semble confondre sa droite et sa gauche si on se fie à ses commentaires récents au rassemblement du Réseau Liberté-Québec.
À quoi bon demander aux électeurs de choisir entre la droite et la gauche quand la signification n'est pas clairement établie avant de se présenter au bureau de vote? Ce qui va arriver, c'est que les électeurs vont se fier aux figures d'autorité en qui ils ont confiance et utiliser la transitivité pour savoir pour qui voter. Par exemple, si j'aime Jeff Fillion et que je lui fais confiance, puisque Jeff Fillion est associé à la droite et que les candidat X est associé à la droite, je vais donc voter pour X.
@Jacques Saint-Cyr : Votre commentaire m'inspire (parodie de discours :) Mes chers concitoyens. Souhaitez-vous une bonne constitution? (la foule, faiblement : oui…) J'ai demandé, voulez-vous une bonne constitution? (la foule, plus fort: oui…) Plus fort que ça. Est-ce que vous voulez une bonne constitution? (la foule en délire : oui…) Vous avez raison. C'est normal de vouloir être constitués. Ne laissez personne vous dire le contraire! Vous avez raison de clamer haut et fort votre désir d'être normalement constitués! (la foule : une constitution, une constitution…)  Oui, ça fait longtemps qu'on demande toujours les mêmes choses à Ottawa (la foule : BOU!) Et on est tannés! (la foule en délire : oui…) Il faut que ça change… pas dans un autre vingt ans… mais maintenant! (la foule : maintenant… maintenant…)
@Tripod : Je suis d'accord avec votre constat que nous sommes plongés dans une atmosphère fétide et que nous souffrons de claustrophobie. Mais si vous regardez ce que les parlementaires du Bloc ont fait ces dernières années, ils n'ont pas bloqué systématiquement le système. Au contraire, ils se sont servis du système parlementaire pour faire valoir leurs points de vue. Vous n'êtes peut-être pas d'accord avec ces points de vue, mais dire que le Bloc bloque, c'est facile et faux. Quant à savoir si on doit parier sur le NPD, je ne suis pas contre. Mais je déplore le fait qu'on soit obligés, au cours d'une même élection, de se prononcer sur les visées à long terme des Conservateurs ET de se choisir un gouvernement. J'aimerais bien pouvoir me prononcer sur les deux choses séparément.
@Pierre François Gagnon : On peut même remonter à Mulroney. Je n'ai plus voté Conservateur depuis l'introduction sans préavis de la taxe sur les produits et services. J'ai vu les coffres de l'État de remplir dans un premier temps quand M. Martin faisait un travail scrupuleux aux finances. Puis j'ai vu les fonds accumulés dans la caisse d'assurance-chômage détournés à d'autres usages. C'est évident que quand l'économie va bien, on se dit qu'on peut se permettre ça. Et quand l'économie va moins bien, il ne reste plus d'argent. Ça ne prend pas une 100 watts pour comprendre ça. Je suis d'accord avec vous, les Canadiens sont tannés des discours sécuritaire et pseudo-économique de Harper. Ils veulent un retour du discours social.

vendredi 22 avril 2011

L'appel de Socrate

Merci à vous tous d'avoir répondu à mon invitation et de vous être déplacés pour venir entendre mon appel. Comme vous le savez, j'ai été exécuté en 399 avant Jésus-Christ par les citoyens de mon État, la magnifique cité d'Athènes. L'acte d'accusation a été déposé par Mélétos, un artiste, appuyé par Anytos, un homme d'affaire talentueux, et par mon ami de longue date, le très respecté Lycon.
J'ai été accusé de vouloir introduire un nouveau culte et de corrompre les jeunes gens. Personnellement, j'ai toujours pensé que c'était Anytos qui était derrière ça. J'avais conseillé au fils d'Anytos de faire de la philosophie plutôt que de se consacrer à l'entreprise de son père et Anytos en a été bien choqué. S'il n'y avait eu que Mélétos pour m'accuser, jamais il n'aurait été capable d'obtenir une majorité de votes pour me faire condamner. Et je suis sûr qu'il n'aurait même pas eu le minimum de votes nécessaire pour éviter d'avoir à payer une amende.
Au procès, j'étais certain que j'allais être condamné, peu importe ce que je dirais. J'avais soixante-dix ans et pratiquement personne des cinq cents dicastes  présents ne me connaissait. Ils étaient trop jeunes pour se souvenir de l'estime qu'on me portait. En fait, j'ai été surpris de voir que le vote était aussi divisé que ça. J'ai été condamné seulement par une faible majorité. Le vote en faveur de me donner la peine de mort plutôt qu'une amende a été plus probant. Entre les deux peines proposées, ils ont choisi la plus sévère. C'était dans l'air du temps. Un montant d'argent, même exorbitant pour moi, n'était pas encore assez cher payé pour faire réparation au yeux des Athéniens. Ils auraient probablement accepté que je m'exile ou que je m'engage à ne plus inciter les jeunes gens à s'intéresser à la philosophie. Mais c'était hors de question pour moi. Je suis encore persuadé aujourd'hui que je n'avais rien fait de mal. Ça ne peut pas être mal de dire ce qu'on pense et de parler ouvertement dans les lieux publics.
Il faut dire que même si la nouvelle génération ne me connaissait pas personnellement, ils avaient entendu parler de moi. Tout le monde savait qu'Alcibiade avait été mon ami. Le flamboyant Alcibiade à qui les Athéniens avaient confié leur destin plus d'une fois et qui les avait royalement laissés tomber. Dans sa jeunesse, je l'avais pris sous mon aile et il me vantait volontiers pour la science que je lui avais apprise. Et il y avait aussi Critias, l'homme fort de la tyrannie des trente, que je connaissais et qui m'avait épargné parce que j'avais accepté de ne plus parler aux jeunes gens. J'étais associé dans l'esprit des Athéniens à des criminels irrécupérables qu'aucune peine ne saurait réhabiliter.
À mon procès, on m'a reproché de m'être tenu loin des affaires de la Cité. Si j'étais vraiment si sage, demandait Anytos, pourquoi n'avais-je pas participé à la vie politique? J'aurais pu ainsi, disait-il, mettre ma science au profit de tous plutôt que d'instruire seulement quelques méchants qui se sont servi de leurs connaissances pour causer la ruine de l'État. J'ai répondu que j'étais convaincu depuis toujours que si je m'impliquais dans les affaires de la Cité, mon franc parler et mon manque de convenances me coûteraient la vie avant longtemps. Maintenant, je ne suis plus si sûr que j'ai fait le bon choix.
Platon, lui, a réussi où j'avais échoué. En plaçant la philosophie dans l'Académie et en gardant ma mémoire vivante, il s'est assuré qu'on puisse redécouvrir ma pensée encore et encore pour des millénaires. La connaissance est dangereuse pour le pouvoir en place et il faudra toujours la protéger à l'intérieur d'universités, à l'abri des influences mondaines et accessible à tous ceux qui la désirent.
Si votre cité est agitée par des troubles, s'il y a des factions, une tyrannie ou des oligarques, ne désespérez pas. Ce n'est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. On est parfois trop collé à une époque pour pouvoir respirer à l'aise. Je vous invite à jeter un regard en arrière et à contempler les siècles qui nous séparent. Moi, ça calme mon esprit.
Bonne chance et soyez sages :-)
Socrate,  fils de Sophronisque du dème d'Alopèce,  le 22 avril 2011

jeudi 21 avril 2011

Le Paradis terrestre : la liberté sans la connaissance

Les Conservateurs bénéficient d'un appui sans précédent au Canada pour un parti dont les valeurs vont à l'encontre des traditions d'entraide et de tolérance qui sont si chères aux Canadiens. Comment expliquer ce phénomène?
Il  y a le discours sécuritaire, bien sûr, qui fonctionne toujours très bien dans le climat de psychose où nous sommes plongés depuis les attentats du 11 septembre 2001. Il y a le discours économiste qui profite, lui, de la peur causée par la crise financière mondiale de 2007-2010. Mais si on met de côté les discours sécuritaire et économiste, il ne reste rien pour plaire aux Canadiens. Les Conservateurs ne respectent pas le parlement. Ils n'aiment pas que l'État offre des services publics. Il minimisent l'importance de l'écologie. Alors qu'est-ce qui peut bien expliquer leur succès?
Je n'adhère pas aux explications habituelles. C'est vrai, on  brandit le spectre du séparatisme et on dépeint le Québec comme un fardeau financier. Outre le fait que ce soit contradictoire, je ne pense pas que les Canadiens en soient dupes. Les Conservateurs, ayant reconnu la nation Québécoise et comptant sur des appuis dans la vieille capitale, sont en bien mauvaise position pour s'opposer aux revendications du Québec. Si les Canadiens voulaient mettre le Québec en échec, les Libéraux récolteraient un bien meilleur appui, étant donné sa tradition centralisatrice. Je ne crois pas que les Libéraux soient encore hantés par le scandale des commandites. Bien de l'eau a coulé sous les ponts depuis et les Conservateurs ne l'ont pas évoqué dans la campagne actuelle, avec raison.
Dans le sondage de ce matin, on observe une montée des intentions de vote pour le NPD. J'ai beaucoup de sympathie pour le parti Vert, mais c'est le NPD qui est l'«underdog» de cette campagne, avec une chance non négligeable de participer au prochain gouvernement. En fait , je pense que ces appuis au NPD sont les premiers signes d'un repositionnement de la population canadienne. Ça mérite qu'on s'y attarde.
Autrefois nous avions une opposition entre deux partis centristes, les Progressistes-Conservateurs et les Libéraux. Par la suite est apparue une opposition (bien inégale) entre les Libéraux fédéralistes et le Bloc Québécois souverainiste. Et maintenant, la polarisation des Canadiens est moins bien représentée par les partis en place. Je crois que nous avons d'une part des Canadiens qui désirent un retour à un Canada sympathique et accueillant, le «good guy» des relations internationales. Et d'autre part, nous avons des Canadiens séduits par l'idéologie libertarienne avec ses promesses de richesse et de libertés individuelles.
L'idéologie libertarienne, bien implantée aux États-Unis, veut réduire le rôle de l'État à son strict minimum, en laissant tout juste assez de gouvernement pour pouvoir faire régner la loi et l'ordre et être en mesure d'assurer la défense du territoire. Dans l'État libertarien, il n'y a pas de groupes de pressions, pas de préjudices. Chacun fait ce qu'il veut, vit comme il le veut. Et si un individu a une idée originale qu'il veut mettre à profit, aucune réglementation ne l'empêche de suivre son rêve et de prospérer. Il n'y a pas besoin de filet social, parce que les gens entreprenants sont nombreux, deviennent riches et donnent généreusement aux organismes de charité de leur choix. Tout s'équilibre et personne n'est laissé pour compte. L'utopie du paradis terrestre, en somme.
Les Conservateurs sont fortement influencés par l'idéologie libertarienne et le Canada abrite son lot de centres proches des libertariens américains.  L'Institut Fraser en est un des plus connus. Je me suis rendu compte des liens qui unissent l'Institut Fraser au gouvernement Harper quand j'ai voulu savoir pourquoi monsieur Munir Sheikh avait démissionné de son poste. Monsieur Sheikh était le statisticien en chef de Statistique Canada et a remis sa démission suite à la parution dans les journaux des déclarations du gouvernement Harper disant que Statistique Canada appuyait les changements apportés au recensement. J'ai écrit en septembre 2010 au gouvernement pour avoir des explications à ce sujet. J'ai reçu une réponse de la part du ministre de l'Industrie, Tony Clement, mais elle était évasive. En lisant les transcriptions des travaux parlementaires et du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, j'ai réalisé à quel point les Conservateurs étaient méfiants envers les scientifiques. Je me suis rendu compte aussi que je n'étais pas le seul à avoir écrit au gouvernement pour lui demander de s'expliquer. Quelle a été l'argumentation de monsieur Clement en Chambre pour expliquer ce déluge de courrier? Il a dit que c'étaient des groupes qui voulaient profiter des données de Statistique Canada, en laissant entendre que ce n'était pas justifié. Où retrouve-t-on cette idée? Sur le site de l'Institut Fraser, pardi.  Niels Velduis et Charles Lammam pointent du doigt les «personnalités académiques, économistes et autres scientifiques des sciences sociales» à travers le pays qui profiteraient indument de l'existence des données recueillies dans le questionnaire long. En tant que mathématicien soucieux du bon fonctionnement de Statistique Canada, me voilà donc désigné comme un Étatiste suspect. Elle est bien bonne, celle-là.
Pourquoi une telle aversion pour la connaissance? Peut-être qu'inconsciemment, les Conservateurs souhaitent qu'Ève n'ait jamais fait croquer la pomme à Adam. Ils chercheraient alors à écarter tout ce qui les éloigne de l'innocence originelle du jardin d'Éden.
Les libertariens ont fait des petits au Québec. Sans parler du Réseau Liberté-Québec, les idées libertariennes ont été adoptées en tout ou en partie par le PLQ, le PQ, l'ADQ et la Coalition pour l'avenir du Québec. Rien de surprenant étant donné l'attrait exercé par les idées libertariennes sur la population. Le Bloc Québécois, qui a réussi à ménager la chèvre et le chou jusqu'à maintenant, va devoir répondre à Jack Layton, lui qui s'est naturellement positionné dans le camp opposé aux libertariens.
Le 2 mai, allez voter! J

lundi 18 avril 2011

À Mathieu Bastien

(paru initialement dans les commentaires d'un article du Devoir.com)
Bonjour,
Je suis très heureux de lire un libertarien qui modère ses propos. Vous méritez grandement d'être félicité et j'espère que vous trouverez ici une oreille attentive.
Je connais le Québécois Libre et je suis familier avec le contenu des sites de l'Institut Économique de Montréal et de l'Institut Fraser. Je ne connaissais pas le Parti Libertarien du Canada. Merci de m'en apprendre l'existence.
Si j'ai bien compris l'histoire du mouvement libertarien canadien, il a débuté avec la fondation de l'Institut Fraser à Vancouver dans les années 70. Les pionniers de ce mouvement ont connu des années difficiles à leurs débuts et ont réussi à se maintenir à flot grâce à l'invention d'un jeu de société. Progressivement, ils ont obtenu l'appui de grandes compagnies, notamment dans l'industrie du tabac. L'Institut Fraser a gagné une solide réputation et une grande influence à l'époque conservatrice des gouvernements Reagan et Tatcher. Des instituts semblables ont vu le jour ailleurs au Canada et l'IEDM en est à un peu plus de dix années d'existence. Le Reform Party, l'Alliance Canadienne et maintenant le Parti Conservateur du Canada ont profité de l'appui du mouvement libertarien, mais les libertariens canadiens ne se reconnaissent plus dans le gouvernement Harper. Ils considèrent que celui-ci s'est révélé être un «Étatiste comme les autres», d'où l'émergence de nouveaux regroupements dont le RLQ fait partie.
La question que je me pose en ce moment, c'est : « Quelles leçons ont tiré les libertariens canadiens de la crise économique mondiale de 2007-2010? » Cette crise a été le résultat d'une dérèglementation progressive du système financier échelonnée sur des dizaines d'années. Les instigateurs de ce désastre ont toujours justifié la dérèglementation par la nécessité de réduire l'intervention de l'État et de favoriser la liberté économique. Je vous conseille de visionner le documentaire : «Inside Job» pour savoir qui sont ces affreux personnages.
Personnellement, je crois que le libertarianisme canadien est identique à celui qui domine la pensée économique américaine actuellement. Il semble que ce soit un mouvement qui n'a pas de chef. C'est une nébuleuse de groupes de pression et lorsqu'on essaie de remonter aux sources des idées défendues, on se rend compte qu'on ne fait que tourner en rond. Personne ne semble être imputable des prises de position de la mouvance libertarienne et de leur impact sur notre société. Tout ce beau monde se dérobe ou se cache derrière le secret d'entreprise.
Pouvez-vous m'en apprendre davantage? Je vous serais reconnaissant.
François Genest Twitter@FGenest http://atenacite.blogspot.com

vendredi 15 avril 2011

Logique 101

Introduction
Dans cet article, je défends la thèse que le discours public, dans sa forme actuelle, manque de logique. Pour illustrer la notion de syllogisme, je me réfère au blogue de la Coalition pour l'avenir du Québec d'où je tire quelques exemples. En conclusion, j'invite les citoyens à revenir à la raison.
Les propositions et les syllogismes
La Coalition pour l'avenir du Québec a fait ce qu'aucun parti politique existant n'a encore osé faire, c'est-à-dire d'inviter un dialogue direct et ouvert avec toute la population par l'entremise d'un blogue.
Monsieur François Legault a démarré un fil de discussion sur ce blogue afin de solliciter des commentaires sur un texte de consultation sur l'éducation. Dans ce texte, on fait neuf constats, on établit sept principes et on prône trois initiatives. Comme c'est un texte de consultation et qu'il est sujet à changement, je vais le laisser de côté pour l'instant et m'intéresser ici aux commentaires du fil de discussion. Je commence par en dégager les proposition principales en date du 15 avril 2011.
- Un prof dans une matière ne peut être évalué que par un prof spécialisé dans cette matière.
- La réussite scolaire n'a plus la même importance qu'avant.
- Les enfants passent plus de temps à l'école par jour qu'avant.
- Les Québécois n'en ont pas pour leur argent en éducation.
- Les parents veulent pouvoir porter plainte à un organisme indépendant.
- Les directeurs d'école doivent suivre une formation appropriée.
- Une seule année avec un mauvais prof suffit pour ruiner un enfant.
- Il faut envoyer les meilleurs profs dans les écoles des milieux défavorisés.
- Il faut jumeler les meilleurs profs avec les élèves en difficulté.
- Les enfants doivent passer plus de jours à l'école par année.
- Les directeurs d'école doivent être évalués par les parents.
- Les enseignants qui ne veulent pas être évalués sont incompétents.
- Les enseignants doivent être évalués par les directeurs d'école.
- Les profs ont de meilleurs conditions de travail à cause de leurs vacances.
- Les enseignants font du temps supplémentaire sans être payés.
- Les syndicats sont plus forts que les directions, les parents et le Ministère.
- Il y a des problèmes de gouvernance à la FCPQ.
- La motivation des enseignants passe par une augmentation des salaire.
- Les enseignants sont une ressource payée par les Québécois.
- La réticence au changement est due à des groupes de pression.
-Les règles de base de la bonne gestion ne sont pas suivies en éducation.
-La qualité du travail d'un enseignant ne se mesure pas à partir des notes des élèves.
-La réputation d'une école ne reflète pas toujours sa véritable valeur.
-La formation universitaire en éducation devrait être recentrée sur les matières.
-Le permis de conduire devrait être interdit aux décrocheurs.
-Les enfants devraient passer plus de temps à l'école.

Voilà pour des exemples de propositions. Maintenant, voyons ce qu'est un syllogisme. Un syllogisme est défini comme tout raisonnement déductif rigoureux qui ne suppose aucune proposition étrangère sous-entendue. Voici un exemple de syllogisme :
Tous les hommes sont mortels.
Je suis un homme.
Donc je suis mortel.

Un discours s'articule en observant les règles de la logique. Nous avons tous la possibilité de recourir à des syllogismes pour transmettre des idées. Cependant dans un discours, beaucoup de propositions sont supposées vraies quand elles sont admises par tous.  Voici un exemple de raisonnement logique inspiré d'un commentaire sur le blogue :
Quelqu'un qui habite loin de son travail dépose son enfant à la garderie plus tôt le matin. Quelqu'un qui habite loin de son travail reprend son enfant de la garderie plus tard le soir. Donc l'enfant de quelqu'un qui habite loin de son travail passe plus de temps à la garderie.

Ce qui différencie ce raisonnement du syllogisme plus haut, c'est qu'il est sous-entendu que quelqu'un qui arrive plus tôt le matin à la garderie et repart plus tard le soir passe plus de temps à la garderie. On a tous recours à de tels raccourcis afin ne pas alourdir inutilement le discours. La logique est impeccable, même si la conclusion peut être fausse. Comment cela peut-il se produire? Et bien si l'une ou l'autre des prémisses est fausse, alors la conclusion pourrait être fausse. Comme dans le raisonnement suivant.
Quelqu'un qui travaille loin de la garderie doit y déposer son enfant plus tôt le matin. Tous les travailleurs laissent leurs enfants dans une garderie près de chez eux. Donc quelqu'un qui habite loin de son travail dépose son enfant à la garderie plus tôt le matin.

Encore une fois la logique est impeccable, mais la deuxième prémisse est fausse. Il existe bel et bien des gens qui laissent leur enfant dans une garderie prévue sur leur lieu de travail et ces gens-là déposent leur enfant à la garderie tout juste avant de travailler. Dans cet exemple, la conclusion s'avère également fausse.  La déduction logique garantit une conclusion vraie si les prémisses sont vraies. Une suite d'énoncés où une des prémisses est fausse ne donne pas d'information sur la conclusion. Celle-ci peut être vraie ou fausse.
Le discours public
La maîtrise de la logique permet de mieux communiquer ses idées et aussi de mieux comprendre les idées des autres. La logique argumentative est donc un excellent outil pour articuler un discours public. Cependant, le discours public a comme but la persuasion et, à cette fin, il est parfois plus efficace d'énoncer des raisonnements faux qui ont une apparence de vérité. C'est ce qu'on appelle des sophismes. Le but originel de l'éducation publique, qui remonte à plus de deux mille quatre cents ans avec les philosophes grecs, c'est d'apprendre aux hommes à raisonner par eux-mêmes. L'intention, c'est que les hommes puissent ainsi prendre leurs affaires en mains sans être obligés de s'en remettre constamment à une autorité morale pour savoir quoi penser.
L'invitation
Le système d'éducation n'est pas parfait au Québec, mais il fonctionne. L'envie est grande de faire des changements radicaux. Encore faut-il savoir ce qu'on fait. Je propose qu'on redonne du pouvoir aux professeurs et qu'on les invite à prendre plus d'initiative dans leur travail. Mais avant toute chose, il faut que la société québécoise revienne à certaines matières indispensables à la vie en société. Les besoins changent, des industries s'éteignent, d'autres naissent. Alors il faut préparer les prochaines générations à la logique argumentative. Il faut leur montrer à maitriser la langue, plusieurs langues. Il faut leur montrer les mathématiques et les arts. Il faut leur parler de leur histoire et de l'histoire du monde. Il faut leur parler d'ailleurs et leur donner le goût du voyage. Il ne faut pas réduire l'éducation publique à une préparation au marché de l'emploi de cette année. Il faut les préparer afin qu'ils soient capables de s'adapter à n'importe quel emploi d'aujourd'hui ou de demain. Revenons aux matières. Faisons confiance aux professeurs. Aidons nos enfant, non pas à rester accrochés, mais à s'instruire. Ce sont eux les décideurs de demain.
François Genest

Refus Global 2011

J'appelle le bonheur de tous. Le Refus Global doit être réaffirmé et compris par tous les Québécois. Le discours public s'est réduit comme une peau de chagrin à l'expression de slogans primaires destinés à fondre la multitude en une même intention. Nous sommes à une époque de repli identitaire, une identité unidimensionnelle  qui passe par l'appartenance au groupe opposé aux autres groupes. Fédéralistes, souverainistes, religieux, laïcs, libertariens, syndicalistes, choisissez votre camp et criez le plus fort possible afin d'enterrer les autres. Je vois que vous pensez avoir le luxe d'attendre que tous vos ennemis soient soumis à votre autorité avant de recouvrer la raison. Vous êtes des bien pensants alors, mais des bien pensants incapables de raisonner.
Oui à la souveraineté du Québec, oui à l'intégrité de l'État canadien, oui aux pauvres, oui aux riches, oui à l'exploitation des sables bitumineux, oui à l'exploitation forestière, oui aux places boursières, oui à l'aide sociale, oui à la santé publique, oui à la culture, oui aux coutumes ancestrales des Premières Nations, oui au théâtre, oui à la liberté individuelle, oui à l'expression de la religion, oui à la laïcité, oui aux syndicats, oui aux patronats, oui à tous les corps, physiques, de métier, de profession, subtils, grossiers, purs et difformes. Oui.  
Je refuse le «non» viscéral, égalisateur, pollueur, menteur, diabolisant, égocentrique. Le «non» n'est pas un point de départ, c'est l'avortement du possible. C'est la peur, la honte, la fin. Le «oui» est le refus de la stagnation, le «oui» est l'invitation à la beauté, à l'ivresse, à l'amour.
Je refuse qu'on sacrifie la jeune génération sur l'autel de l'emploi. Je refuse qu'on brise les rêves. Je refuse la haine, l'intransigeance, l'envie, la mort. Je refuse le consensus furieux qui écrase tout sur son passage comme une horde de bisons. Je suis seul et je suis multitude. Je suis homme, femme, enfant, sourd, artiste, autiste,  poids lourd, moyen, léger.  Je me bats contre les ombres et j'appelle mes frères et sœurs à sortir de la caverne afin d'être éblouis par le Soleil de la vérité. La raison est là qui sommeille, qui gémit, qui attend que vous brisiez vos chaînes pour enfin s'épanouir dans la réalité.
Je refuse d'attendre le prochain berger qui me conduira à la boucherie. Je pense. Je réfléchis. Je parle. Je dis.
François Genest

Lettre ouverte à Vic Toews

18 mars 2011
Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la Sécurité publique, l'honorable Vic Toews,
Monsieur le Ministre,
je vous écris pour dénoncer le traitement inéquitable que vous prévoyez réserver aux citoyens qui ont purgé leur peine, ont réussi leur réinsertion dans la communauté, désirent trouver un emploi, mais vivent dans la pauvreté. Ceux-ci devront désormais payer une demande de pardon plus de $600, une somme considérable pour quelqu'un qui vit, par exemple, de l'aide sociale, alors qu'il n'en coûtait que $50 l'an dernier, avant les modifications apportées au fonctionnement de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).
Je vous rappelle brièvement le dossier. En vertu de l'inquiétude grandissante des Canadiens vis-à-vis de leur sécurité, les projets de loi C-23A et C-23B ont été adoptés, allongeant les délais d'attente avant de demander un pardon et interdisant l'octroi de pardons dans certaines circonstances. Afin de mieux encadrer le travail des commissaires de la CLCC, la loi C-23A précise que c'est au demandeur qu'il incombe de convaincre qu'un pardon l'avantagerait et favoriserait sa réinsertion sociale, et que certaines vérifications supplémentaires doivent être faites par la CLCC avant d'accéder à la demande de pardon.
Un pardon peut être octroyé à un citoyen qui a purgé la totalité de sa peine et qui en fait la demande après une période d'attente. Ce pardon n'est pas automatique, les demandes sont évaluées par des commissaires spécialement formés pour prendre ce genre de décision et le demandeur doit s'être réhabilité à la satisfaction de la CLCC. En fait, les demandes de pardon qui se rendent à terme sont peu nombreuses, mais lorsqu'un demandeur va jusqu'au bout du processus, c'est généralement qu'il a réussi sa réintégration. En effet, selon les Services de gestion des renseignements judiciaires de la GRC, qui gèrent l'information touchant 2,8 millions de casiers judiciaires, un peu plus de 400 000 Canadiens ont reçu un pardon entre 1970 et 2010 et près de 15 000 de ces personnes ont vu leur pardon révoqué suite à de nouveaux démêlés avec la justice. Les chiffres ne mentent pas, la CLCC fait un bon travail et la valeur de l'octroi d'un pardon est bien comprise par les Canadiens.
Le programme d'octroi de pardons était déficitaire et c'est une bonne chose que les frais aient été haussés à en octobre dernier. Cependant, à cause des nouvelles règles, les frais vont monter à plus de $600 si vous l'autorisez. L'idée peut sembler bonne, mais elle aura pour effet d'exclure des gens à toutes fins pratiques réhabilitées, mais qui n'ont pas les moyens de présenter leur demande.
Je vous rappelle que tout demandeur a déjà purgé la totalité de sa peine et est libre depuis des années. Refuser un pardon ne prévient donc pas la récidive et n'augmente en rien la sécurité publique. Au contraire, l'octroi d'un pardon à un citoyen qui le mérite lui donne une raison de plus de bien se comporter à l'avenir, puisque le pardon peut lui être retiré. Les délinquants ayant commis un crime majeur ont vraisemblablement déjà toutes les misères du monde à se refaire une vie, peu importe le coût d'une demande de pardon. Dorénavant, le pardon sera inaccessible aux plus pauvres, quelle que soit la gravité de leur crime.
Tout ne se résume pas à une affaire de chiffres et aux personnes qui cherchent la reconnaissance de leur bonne conduite. Il ne faut surtout pas oublier les victimes. Il faut le dire clairement :  le pardon accordé par la CLCC n'est en aucune façon comparable à la possibilité de pardonner qui appartient à la victime d'un acte violent. La démarche personnelle de pardon ne regarde pas le gouvernement. Une victime n'est jamais obligée de pardonner. Elle le fait si ça fait partie de sa guérison et c'est elle qui décide.  Ce que le gouvernement peut faire, par contre, c'est de donner tous les outils nécessaires aux victimes d'actes violents pour favoriser leur quiétude d'esprit et leur guérison. Remplacer le terme de «réhabilitation» par «suspension de dossier» est une excellente façon de montrer la détermination du gouvernement à ne pas laisser les victimes à leur sort, mais d'autres mesures plus concrètes pourraient être mises en place, par exemple le financement de centres pour femmes victimes de violence ou une aide à la recherche d'un logement adapté pour les victimes handicapées à la suite d'un acte criminel.
Je sais que vous êtes d'avis que le système antérieur favorisait trop les demandeurs de pardon et que les projets de loi C-23A et C-23B ont donné un bon coup de barre vers une meilleure administration de la justice.  Cependant, je crains que le nouveau système n'entraîne beaucoup de souffrances inutiles à des gens qui ont véritablement réussi leur réinsertion.
Merci d'avoir pris le temps d'entendre mes inquiétudes et j'espère apprendre bientôt ce que vous comptez faire pour éviter les problèmes que je redoute.
À notre époque, un casier judiciaire est un obstacle à l'obtention du plus simple des emplois. Il n'est pas déraisonnable d'affirmer que le fait de rendre les demandes de pardon plus difficiles et coûteuses pousseront nombre de démunis vers l'indigence et le crime. Les bonnes intentions du gouvernement auraient alors l'effet pervers de causer plus d'insécurité qu'il n'y en a actuellement.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de mes sentiments les meilleurs,
François Genest, mathématicien

mercredi 13 avril 2011

Que font les citoyens quand ils s'emmerdent?

Aujourd'hui, je suis déprimé. Les débordements d'émotions, ce n'est pas ma tasse de thé et on m'en a servi des hectolitres les derniers jours avec «l'affaire Cantat» qui a culminé hier soir avec la prise de position de Serge Denoncourt à l'émission de Guy A. Lepage. Il faut dire que je n'ai pas vu l'émission, j'avais un souper de famille, mais je suis au courant de ce que monsieur Denoncourt a dit. Ça a été largement rapporté sur Twitter.

Odile Tremblay a écrit une belle lettre à Bertrand Cantat que j'ai lue hier soir et qui m'a rappelé qu'en faisant des gorges chaudes à son sujet, on s'était bien peu intéressé à l'homme. Je ne répéterai pas mes nombreuses interventions dans les médias. J'ai abondamment déploré que certains se servent de cette histoire pour faire avancer leurs idées en faisant appel aux viscères plutôt qu'à la raison.
Je suis un néophyte du journalisme. En fait, je n'ai pas envie de faire ça régulièrement. Ça semble être un métier ingrat, rempli de désagréments de toutes sortes, mal payé et peu reconnu. Sur ce dernier aspect, notre chef d'État ne donne pas un bien bon exemple en affichant ouvertement son mépris envers le métier. Mais ce n'est pas de ça dont j'ai envie de parler.
C'est dans un état déprimé que je me lève aujourd'hui. Mes concitoyens se radicalisent et j'ai bien peu de moyens pour calmer les esprits. Pas un bon «mood» pour travailler. J'écris une lettre au Globe and Mail pour essayer de toucher l'autre solitude. Sur le site, je tombe sur une chronique qui n'arrange pas mon humeur. Les Québécois se désintéresseraient de savoir qui les gouverne… J'ai juste envie de répondre : «Please back off».
Je vais sur le site de la CAQ donner mon avis sur quelques sujets. Je trouve important de répondre aux appels à la discussion, même de la part d'adversaires politiques. Bien oui, je suis de même. Traitez-moi d'idéaliste mais pas d'utopiste, s'il vous plaît.
Et finalement je tombe sur le site de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et le sujet de ma chronique : le statut des journalistes.
Quand j'ai entendu parler du rapport Payette à sa publication, la première chose que je me suis dite c'est que c'était périlleux de créer un statut professionnel pour eux. Le Québec souffre beaucoup des conflits entretenus par les attitudes corporatistes de tout un chacun. Je ne voyais pas comment les journalistes échapperaient à cette tendance en s'imposant des barrières à l'entrée. La FPJQ a lancé un coup de sonde auprès des gens du métier et déclare que 87% d'entre eux sont en accord avec la création d'un titre professionnel. Quand je suis allé voir les questions, j'ai eu un moment : «Ah! non pas un autre sondage biaisé, vague et inutile». Heureusement, les commentaires ont été rendus disponibles et révèlent des opinions plus nuancées. Je tiens à répondre à certains d'entre eux :
« Certainement. Il y a une crise de l'information véritable, noyée dans un foisonnement de n'importe quoi; mais les citoyens auront toujours soif de vérité, d'articles, d'enquêtes et de reportages fouillés, qui mettent en lumière des faits occultés.»

Je suis d'accord avec les deux affirmations contenues dans ce commentaire. La frontière entre l'information et la publicité est de plus en plus ténue et les connaissances acquises en marketing sont allégrement imposées au mode de fonctionnement du métier. Cependant, il y a une limite à ce que l'être humain peut endurer comme bombardement d'informations. Les citoyens parfois se replient sur eux-mêmes, mais quand ils en comprennent l'importance, ils vont se désaltérer auprès de sources potables.
« Les journalistes disent souvent donner à leur lecteurs, auditeurs ou spectateurs ce qu'ils attendent pour justifier la piètre qualité des informations diffusées. Ils sont aussi souvent les premiers à dire que c'est différent de ce qu'eux attendent. Quand on travaille sur ce qui nous intéresse et qu'on pose les questions auxquelles on veut des réponses, d'habitude ça intéresse aussi d'autres gens. Les journalistes devraient peut-être recommencer à être un peu plus fiers de ce qu'ils font pour que d'autres le soient aussi. »

De l'extérieur du métier, c'est une évidence. Je ne peux qu'encourager les journalistes à décoller un peu du cadre imposé par leurs employeurs. Quand ceux-ci découvriront l'intérêt renouvelé du public, ils seront soulagés eux aussi de ne plus avoir à rajouter de la paillette et des effets spéciaux. Mais c'est dur de prendre des risques quand notre situation est précaire. Je comprends tout à fait ça.
« On arrive à faire un journalisme de qualité avec les moyens du bord, mais on pourrait faire bien mieux si on disposait d'un peu plus de ressources humaines et financières. Faire de l'enquête au téléphone, sans aucun budget de déplacement, ça donne ce que ça donne. C'est vraiment démotivant.»

Je comprends ça. L'argent est mis sur le contenant et ce n'est pas toujours évident pour le public que la priorité du diffuseur est de bien paraître.
La FPJQ a peut-être raison de militer pour un statut de journaliste mais je ne suis pas encore convaincu. Et ça ne me rassure pas de trouver un erreur grave dans «-trente-» le magazine du journalisme. Dans son article «Levée de boucliers contre le rapport Payette», Stéphane Giroux rappelle le jugement de la Cour Suprême[1] comme argument en faveur de la création d'un statut professionnel. Voici ce qu'écrit le journaliste :
« En soi, la scène avait quelque chose de surréaliste. Les plus grands médias canadiens sont devant la Cour suprême, avec les meilleurs avocats du pays, pour défendre la protection des sources dans la cause qui oppose Polygone à Daniel Leblanc, du Globe and Mail. L’enjeu : lui permettre de garder secrète l’identité de Ma Chouette, la " Deep Throat " du scandale des commandites.
Dans son jugement d’octobre 2010, la Cour invalidera cette demande de protection, en écrivant que " les journalistes ne sont assujettis à aucun processus d’agrément officiel [...] et qu’aucune organisation professionnelle ne régit la profession et ne veille au respect des normes professionnelles ".
C’est avec ce genre d’obstacle en tête que la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a interpellé la ministre Christine St-Pierre, et ce, bien avant que tombe ce jugement. L’objectif était de trouver une sortie à la crise des médias, et la réponse a été donnée au congrès de 2009, à Sherbrooke. La ministre a passé la commande à Dominique Payette, qui, rapidement a mis en avant la piste du statut professionnel. »
Quand on se rapporte au jugement en question, on constate que la vérité n'a pas été présentée dans son intégralité. Il est vrai que la Cour a rejeté l'idée avancée par les demandeurs que la Charte des droits et libertés garantissait la protection des sources confidentielles. Et il est vrai qu'elle laisse entendre que l'idée aurait été concevable si les journalistes étaient assujettis à un processus d’agrément officiel comme pour les avocats.
Mais il est vrai aussi que la Cour Suprême a donné raison aux demandeurs et que l'anonymat de la source de Daniel Leblanc a été protégé. En fait, la Cour indique clairement comment la confidentialité des sources peut être défendue en Cour :
« …pour exiger qu’un journaliste, dans une instance judiciaire, réponde à des questions susceptibles de permettre d’identifier une source confidentielle, la partie requérante doit démontrer leur pertinence.  Si les questions sont pertinentes, le tribunal examinera ensuite les quatre volets du test de Wigmore : (1) les communications doivent avoir été transmises confidentiellement avec l’assurance que l’identité de la source ne sera pas divulguée; (2) l’anonymat doit être essentiel aux rapports dans le cadre desquels la communication est transmise; (3) les rapports doivent être, dans l’intérêt public, entretenus assidûment; et (4) l’intérêt public protégé par le refus de la divulgation de l’identité doit l’emporter sur l’intérêt public dans la recherche de la vérité. »
La création d'un statut professionnel sera peut-être bénéfique, ça reste à voir. Mais a priori elle ne renforcera pas la protection légale des journalistes. Le plus simple pour un avocat qui défend un journaliste dans un cas pareil reste de citer la décision de la Cour Suprême.
J'y pense. Peut-être que le véritable problème est là. Les journalistes veulent être protégés des abus. Est-ce qu'un statut professionnel les aidera en ce sens? J'approcherais le problème d'une toute autre façon. Collectivement, nous pourrions rendre le travail de journaliste plus facile, non pas en réglementant leur métier directement, mais en rendant l'information plus facilement accessible et vérifiable. Les sites gouvernementaux sont une mine d'or de renseignements sur l'avenir de notre société, grâce aux principes de transparence qui vont avec le système parlementaire. L'idée du rapport Payette de créer un site gouvernemental d'hébergement de données mérite d'être regardé de plus près. En ce moment je crée du contenu en ligne que je parsème sur la toile. Je serais bien content d'avoir un endroit où réunir tout ça et où je serais récompensé en proportion du nombre de gens qui se servent de ce que je contribue. Les médias traditionnels sont repliés sur eux-mêmes. Un petit coup de pouce du gouvernement aux journalistes pourrait les voir s'affranchir des patrons bornés et faire apparaître de nouveaux quotidiens.
Bon, je vais me coucher. Espérons que demain je serai moins bougon.
François Genest, le 11 avril 2011


·         [1] Globe and Mail c. Canada (Procureur général), 2010 CSC 41, [2010] 2 R.C.S. 5922010-10-22

Dear Globe&Mail

To the editor,
"Please back off"
John Ibbitson hopes that Quebeckers care about who governs Canada. We do. We want trustworthy men and women who will look past the headlines and listen to the population. Let me speak clearly. Please back off. I mean that without anger. My people are in a sorry state and I'm sad. I remember a time when the western provinces had no say in Ottawa. Now their voice is heard loud and clear from coast to coast. What is it that they want?
One thing they want is more autonomy. So do I. They feel that their economy, fueled by the oil sands, is under threat of choking from environmental regulations. That's a legitimate concern. What should be done about it?
They loathe crime and moral decay. I understand that. Their elected representatives favor putting more pressure on the suspected, the accused and the condemned. Does everyone in the west agree with this approach? When I look closely at what our leaders are doing, I see legislation being passed in reaction to horror. The thought that nothing in the law prevented Karla Homolka from asking a pardon five years after her release was unbearable. Rather than trusting in our justice system, our leaders changed the law and increased bureaucracy. Is this how we should be governed? I'm putting the question out there.
If I were to take example from our leaders, I wouldn't talk openly in public, for fear of being misrepresented in the media. I would consider as an enemy anyone not sharing my point of view. I would hold public opinion as fickle and untrustworthy. But I don't want the next generation to think that way. I want them to know that it is good to think for themselves, to reconsider the values promoted by our leaders. I want them to feel hope and know that the future belongs to them.
François Genest

Papy Asclépios se résigne à se faire un blog

Je suis un vieux routier de l'informatique. Mon premier ordinateur était un VIC-20 «The friendly computer». Je l'ai encore. C'est rendu «vintage» cette affaire-là! Sur le manuel, une phote de la petite famille réunie devant l'ordinateur, avec le papa qui fait le budget de la maisonnée tandis que maman et fiston regardent avec le grand sourire. Bien sûr, fiston est plus intéressé que maman, il pense sans doute pouvoir pirater des jeux et s'amuser toute la nuit. Que de bons souvenirs! Mais le VIC-20 n'était rien en comparaison du Commodore-64 avec, tenez vous bien, soixante-quatre mille octets de mémoire (64k). Malheureusement j'ai vendu mon Commodore pour passer à un PC terne, l'Amiga tant désiré ayant perdu la lutte contre le juggernaut d'IBM.

J'apprends que les droits du Commodore ont été rachetés et que la bête est de nouveau en vente. Ça me fait un petit velours, comme on dit.

Ah! je me suis laissé distraire. Ceci est mon premier billet sur la page blogger de la Cité d'Athéna. Celle-ci a déjà une page indépendante, mais elle est rudimentaire et je n'ai pas le temps de la bidouiller pour la rendre plus sexy, du moins en ce moment.

C'est que j'ai été un peu pris de cours avec les élections fédérales qui ont été déclenchées au Canada. J'avais l'intention de me faire connaître tranquillement et de me prononcer sur les enjeux qui me tiennent à coeur, mais bon, il faut que je me fasse à l'idée que je n'aurai pas beaucoup d'impact sur cette élection-ci. On m'a dit que mon site n'est pas vendeur, un peu trop «années 70» (clin d'oeil @veromato). Soit. Je me résigne donc à adopter Blogger pour augmenter ma visibilité. L'autre endroit où on peut me rejoindre, outre Twitter, c'est sur la page Facebook d'Athenacity. Au plaisir d'échanger avec vous.

François Genest