lundi 7 mai 2012

La guerre sournoise du PLQ contre la jeunesse


Je recopie ici cet excellent article de OM99% Media. source : https://www.facebook.com/notes/om99-media-wwwom99mediaorg/la-guerre-sournoise-du-plq-contre-la-jeunesse/358014770913089



La guerre sournoise du PLQ contre la jeunesse

by OM99% Media - www.om99media.org on Friday, May 4, 2012 at 1:10am ·

Luc GodboutAu  lendemain de l’annonce de l’offre «globale» bonifiée du vendredi 27 avril, arrivé de nulle part, le fiscaliste Luc Godbout est apparu sur la scène médiatique pour la défendre. Dans un contexte où l’offre était complexe à décortiquer, les médias québécois, perplexes devant une telle patente, y ont vu une analyse éclairante et pratique à offrir au grand public.

Tableaux à l’appui, bon communicateur, dans une présentation bien huilée, telle une conférence qu’il a longuement préparée, le professeur Godbout a poussé l’audace de l'injonction paradoxale en affirmant que les étudiants «s’enrichissent» avec cette offre, malgré une hausse de 82 %. Depuis, d’autres chercheurs ont démontré que la complexe tuyauterie qui compose l’offre a été bien ajustée par le professeur pour appuyer sa thèse (1).

Un univers conceptuel néo-libéral

Le site web du CIRANOComprendre l’univers conceptuel dans lequel baigne le chercheur permet de mieux recadrer les intentions derrière la démonstration. Luc Godbout est un chercheur affilié au CIRANO,  «centre interuniversitaire de recherche, de liaison et de transfert des savoirs en analyse des organisations». La mission vise à «renforcer l'efficacité et la position concurrentielle des entreprises par le transfert rapide des connaissances nouvelles issues de la recherche» et  un de ses objectifs vise à encourager les milieux universitaires à intégrer, dans les programmes d'enseignement et de recherche, le savoir et les préoccupations des organisations ainsi que l'expérience des praticiens ». (2)  Sur le conseil d’administration siège à titre de partenaires corporatifs des représentants de la Banque Laurentienne du Canada, de la Banque Nationale du Canada, de la Banque Scotia, de Bell Canada, de BMO Groupe Financier, des Caisse de dépôt et placement du Québec, de Gaz Métro Hydro-Québec, d’Industrie Canada, d’Investissements PSPet de  Power Corporation du Canada. Sur le site web du CIRANO, on peut lire que « Les partenaires du CIRANO participent à toutes les étapes de ses activités. Ils composent son conseil d'administration, ils aident à définir la programmation du Centre. Ils participent aux différents comités qui orientent l'ensemble des activités et, par leur cotisation, dans le cas des entreprises, ils contribuent à son financement. Issus du milieu des affaires, des milieux gouvernementaux et universitaires, ils assurent au sein du CIRANO la présence de tous les grands joueurs de l'économie québécoise. » En deux mots, un think-thank servant les intérêts néo-libéraux, pour peu qu’on accepte l’idée que le néo-libéralisme est le paradigme épistémologique qui chapeaute la manière dont ces acteurs perçoivent le capitalisme.(3) Comble de l'Ironie, ce centre fait augure de modèle «d'excellence» pour les universités selon les Guy Breton de ce monde. L'un de ses membres vient défendre «objectivement» l'offre globale gouvernementale dans l'espace public...

La mise en scène était parfaite. Un professeur, bénéficiant d’un fort capital symbolique, provenant du même univers que les manifestants dans la rue, venant appuyer le gouvernement. La présentation de Luc Godbout met en lumière le piège tendu par les amis du PLQ dans lesquels les médias sont tombés trois fois plutôt qu’une. Piège qui révèle, quand on s’y attarde, la façon réelle dont le gouvernement Charest combat activement en sourdine le mouvement de protestation pour le saboter au lieu de s’y confronter directement dans un processus de négociation face-à-face.

Casser le mouvement

Line Beauchamps et les leaders du MESRQS’inscrivent dans la même lignée le Mouvement des étudiants socialement responsables, noyauté par des jeunes libéraux, la conception d’un «kit d’injonction» qui a été rendu possible notamment grâce l’avocat Damien Pellerin, ancien président de l’Association libérale de l’Université de Montréal (4). On peut également souligner la curieuse intervention du juge en chef de la Cour supérieure du Québec, considérant l’affaire «grave», comme si nous étions en face d’une fraude massive, se contredisant lui-même par cette intervention impromptue dans l’espace public : « Le juge ne peut, en raison de son obligation d'impartialité, participer aux débats publics » (5) écrivait-t-il pourtant en septembre dernier. La réalité qu'oublie de mentionner M. le juge, est qu'aujourd'hui  la justice sert la défense d’intérêts particuliers capables de se payer une armée d’avocats de haut niveau pour dénicher les failles dans la loi et épuiser les ceux qui auraient l'audace de se lever contre l'ordre établie.

L’ensemble de ces procédures visent à attaquer directement à la légitimité des associations étudiantes. Une attaque élargie à l’ensemble de la jeunesse depuis plus de deux mois par des chroniqueurs et des éditorialistes alimentant une haine inquiètante et rarement vue au Québec envers toute une classe de la population, devenant la courroie de transmission de la propagande gouvernementale. Les conséquences de cette dérive sont encore difficiles à mesurer, mais cette culture de la haine et du mépris explique en partie comment un texte faisant l'éloge du facisme écrit par un haut fonctionnaire a été publié dans un quotidien sans soulever plus d'inquiètude à part les condamnations d'usage. Il aura fallut la mobilisation citoyenne pour en dénoncer la teneur (6). Une chose est sûre, l’élite médiatique québécoise aura le  devoir d’entamer un exercice de réflexion sérieux sans chercher à se défiler sous le couvert de la liberté d'expression.

 S’inscrit également dans cette lignée, une autre réalité, probablement la plus troublante - car à la fois la plus tangible pour les contestaires et insaisissable pour le spectateur loin de la rue - consiste en la violente répression policière depuis le début du conflit, visant à casser le mouvement dans la rue.Malgré l’inquiètude d’Amnistie Internationale (7) et la soixantaine de témoignages accumulés jusqu’à maintenant par OM99%Media (8), cette répression odieuse est effectuée dans un silence médiatique assourdissant pour tout défenseur de droits de la personne et humaniste.

Une culture mafieuse plus ancrée profondément qu’on le pense

Ces méthodes (le recourt d’un expert, la judiciarisation du conflit, la haine médiatique et la répression policière) ont l’avantage d’être menées sans que l’on puisse faire de lien direct entre les exécutants et les dirigeants, entre les gestes visant la légitimité des contestataires et le parti au pouvoir, cultivant ainsi une culture de l’impunité malsaine qui se doit d’être mise en lumière. Curieusement, voilà une méthode quasi calquée sur celles en usage au sein de la mafia, où jamais le Capo di Tutti i Capi , le chef de tous les chefs, ne doit être en contact direct avec les Caporegime. Sommes-nous façe à une culture bien ancrée, intériorisée par des élus à force de petits-déjeuners siciliens ou calabrais ? Malheureusement, les tableaux du professeur Godbout ne peuvent suffirent pour répondre à cette question.

Par Michaël Fortin
Étudiant libre au doctorat conjoint en communication
Vidéaste et membre d'OM99%Media. 



Ajout: Les vendredis de ce conflit sont décidemment à classer sous le joug du sciencisme  au service de la propagande gouvernementale. Deux sondages, l'un publié vendredi le 4 mai 2012 par La Presse et l'autre par l'agence QMI, annoncent en grande pompe "que la population serait derrière le gouvernement". Dans les deux cas, nous avons ici affaire à des sondages non-probabilistes très questionnables sur le plan de la représentativité. Voir à ce sujet la note de Statistique Canada : "On ne peut mesurer la fiabilité d'un échantillonnage non probabiliste; la seule façon de mesurer la qualité des données en résultant consiste à comparer certains des résultats de l'enquête à l'information dont on dispose au sujet de la population. Encore une fois, rien ne fournit l'assurance que les estimations ne dépasseront pas un niveau acceptable d'erreur. Les statisticiens hésitent à utiliser les méthodes d'échantillonnage non probabiliste, parce qu'il n'existe aucun moyen de mesurer la précision des échantillons en découlant."(9) et l'article éclairant de Benoit Décary-Secours, candidat au doctorat à l'Université d’Ottawa (10).

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Sources : 

(1) Quelques réflexions sur les tableaux du professeur Godbout
http://www.iris-recherche.qc.ca/blogue/quelques-reflexions-sur-les-tableaux-du-professeur-godbout/

(2) CIRANO. Rapport annuel 2010 - 2011. http://www.cirano.qc.ca/pdf/rapport_annuel/2010-2011_rapport_annuel.pdf

(3) Lire à ce sujet « Graefe, Peter. La topographie des think tanks patronaux québécois. La construction d’un paysage néolibéral » Globe : revue internationale d’études québécoises, vol. 7, n° 1, 2004, p. 181-202. disponible à cette adresse : http://id.erudit.org/iderudit/1000834ar

(4)  http://cj.plq.org/qui-sommes-nous/historique-anciens-militants/temoignage-dun-militant-2/

(5) Rolland, François. L'indépendance judiciaire et l'intégrité des juges. http://www.ledevoir.com/societe/justice/331805/libre-opinion-l-independance-judiciaire-et-l-integrite-des-juges

(6) http://www.fachowatch.com/bernard-guay-un-neo-fasciste-actif-depuis-les-annees-90-au-sein-de-lorganisation-jeune-nation/

(7) « Conflit étudiant – Amnistie internationale Canada francophone est sérieusement préoccupée par les atteintes au droit de manifester pacifiquement.» http://amnistie.ca/site/index.php?option=com_content&view=article&id=17539:conflit-etudiant--amnistie-internationale-canada-francophone-est-serieusement-preoccupee-par-les-atteintes-au-droit-de-manifester-pacifiquement-&catid=27:communiqulocaux&Itemid=73

(8) voir ce lien : http://www.facebook.com/om99media.org/posts/353028691411697

(9) http://www.statcan.gc.ca/edu/power-pouvoir/ch13/nonprob/5214898-fra.htm

(10) http://trahir.wordpress.com/2012/04/05/decary-secours-sondages/

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