vendredi 31 août 2012

Une action directe pour tous


Le parc Outremont, Montréal

Il existe une grande variété d’actions directes que les citoyens peuvent entreprendre pour influencer le cours des choses. Je décris aujourd’hui une action à la portée de tout le monde. Cette action demande peu de préparation et peut être entreprise par une seule personne du début à la fin, à condition d’avoir de l’expérience en facilitation.

Une action directe comporte au moins trois volets : la préparation, la mobilisation et l’action. Pour l’exemple d’aujourd’hui, j’inclus également le volet de la transmission des connaissances.

Préparation

Objectif

J’ai voulu offrir l’occasion à des citoyens de se rencontrer dans un espace public afin de discuter de leurs aspirations pour le Québec. Nous étions alors en campagne électorale pour choisir le parti qui dirigera la province de Québec, c’est-à-dire celui qui sera en charge de l’exécution des affaires courantes et qui aura le pouvoir d’orienter les travaux législatifs des députés. Étant donné que la presse et les partis accordaient un intérêt démesuré au spectacle de l’acquisition du pouvoir, j’ai compris qu’il manquait aux citoyens un forum non partisan où échanger entre eux. Par expérience, je sais que lorsqu’ils se retrouvent dans un espace public dont l’ambiance est agréable, les citoyens du Québec parlent avec enthousiasme de ce qui les anime et de ce qu’ils aimeraient voir advenir.

Endroit

J’ai choisi le parc Outremont. C’est un joli parc; on y trouve un plan d’eau, des toilettes publiques et un espace de jeu pour les enfants. Il est essentiellement fréquenté par les gens du quartier : des mères avec leurs enfants, des adolescents, des couples qui piqueniquent, des personnes seules qui lisent, etc. Des gens viennent à l’occasion y pratiquer des activités de groupe : de l’entraînement sportif, du yoga, du tai chi.

Temps

J’ai choisi les 28 et 30 août 2012, soit quelques jours avant les élections. Débuter à 17h15 permettait aux gens qui finissaient de travailler à 17h de se joindre à l’action dès le début ou peu de temps après. Finir à 20h donnait près de trois heures, ce qui, d’après mon expérience, est une bonne durée pour des discussions fructueuses.

Mobilisation

Matériel

Les outils de base pour mobiliser les citoyens, ce sont les tracts et les affiches. Les tracts sont généralement imprimés sur des feuilles de la taille du papier à lettre qui sont ensuite découpées en quatre rectangles égaux. Par simplicité, j’ai utilisé le même dessin pour mes tracts et mes affiches.


Internet

J’ai écrit un article sur mon blogue pour annoncer l’action et pour inviter les gens à y participer. J’ai également utilisé les réseaux sociaux Twitter et Facebook pour rejoindre les citoyens dans mon réseau. Sur Twitter, j’ai annoncé l’événement à différentes heures de la journée et j’ai utilisé l’étiquette de recherche #qc2012 pour rejoindre des gens qui ne sont pas en lien direct avec moi mais qui seraient potentiellement intéressés.


Sur Facebook, j’ai créé un événement avec une brève description de l’action, du fonctionnement proposé et de l’esprit dans lequel je désirais qu’elle se déroule. J’ai écrit régulièrement sur la page de l’événement et j’ai répondu aux messages et aux commentaires.


Tractage et pose d’affiche

Le 23 août, entre 15h30 et 17h30, j’ai parcouru Outremont pour distribuer des tracts aux passants. Je suis entré dans certains commerces pour leur demander la permission d’y poser mon affiche. Généralement, les grands magasins ont comme politique de refuser les affiches à caractère politique. Dans ces cas-là, il faut se préparer à essuyer les refus des gérants et des propriétaires. Dans les petits commerces, l’approche est plus facile puisque les gens à qui on parle sont souvent en mesure prendre des décisions et ne craignent pas de répercussions négatives provenant d’un supérieur ou de clients choqués par l’information affichée. J’ai également posé quelques affiches sur des poteaux.



Mon itinéraire pour la distribution de tracts et la pose d'affiches

Le 27 août, je suis allé à un événement politique non partisan, en l’occurrence le lancement du livre de Dominic Champagne, un livre intitulé: «Le gouvernement invisible». J’ai distribué un tract à l’extérieur du lieu du lancement, le Whisky Café, puis je suis entré. À l’intérieur, l’ambiance était celle d’un événement mondain, ce qui n’est pas propice à la discussion et à la distribution de tracts. J’ai acheté une copie du livre et j’ai demandé la permission de déposer mes tracts à la table de vente, ce qui m’a été accordé. J’ai salué les gens que je connaissais et j’ai invité l’auteur à participer à mon action.

Table de vente sur laquelle j'ai eu la permission de déposer mes tracts

Action

Jour 1

Le 28 août, je suis arrivé au parc Outremont en avance, de façon à pouvoir m’imprégner de l’atmosphère du lieu et à voir arriver les participants. À partir de 17h, je me suis promené tranquillement dans le parc en abordant les gens pour leur annoncer qu’il y aurait une discussion citoyenne et qu’ils étaient les bienvenus s’ils désiraient y participer. J’ai eu une courte discussion avec une femme qui avait vu l’annonce de l’événement sur un babillard et que ça avait intéressée. Des amis sont venus appuyer mon action et nous avons discuté un bon moment. Cependant, comme nous étions peu nombreux, nos échanges avaient toutes les allures d’une discussion privée. Éventuellement, j’ai refait le tour du parc pour inviter les gens à discuter avec moi. Un homme a accepté l’invitation et nous avons parlé longtemps.

Le parc Outremont à Montréal

Jour 2

Le 30 août, j’ai apporté du matériel pour me faire une pancarte, de façon à être identifiable de loin. Par simplicité, j’ai fait plastifier deux affiches que j’ai collées dos à dos au bout d’un bâton. Ainsi, on pouvait lire la pancarte et comprendre la nature de l’action proposée. J’ai apporté une enregistreuse, ce qui n’est pas un élément essentiel de l’action;  j’aurais pu également me contenter d’un carnet et d’un crayon pour prendre des notes. J’ai commencé par faire le tour du parc avec ma pancarte et saluer les gens, puis je me suis installé sur un banc avec ma pancarte bien en évidence. La première heure, je suis resté seul et j’en ai donc profité pour enregistrer mes réflexions sur l’état du monde et sur les problèmes que nous vivons. Éventuellement, Dominic Champagne est arrivé à bicyclette et s’est joint à moi. Nous avons eu une bonne discussion et lorsqu’il est reparti, il était bientôt huit heures. J’ai marché un peu avec ma pancarte. Il restait peu de gens et j’étais fatigué. J’ai donc mis fin à l’action et je suis rentré chez moi.

La pancarte assemblée et une enregistreuse pour un compte-rendu (si nécessaire)

Transmission des connaissances

Une action directe n’a pas toujours ce volet. Par exemple, si l’objectif tactique est de faire réagir le gouvernement sur une question d’intérêt général, l’action pourrait consister en un rassemblement de plusieurs milliers de personnes dans les rues pour protester. Ce serait alors à la presse, aux intellectuels et aux partis d’opposition de faire le travail de forcer le gouvernement à donner des réponses satisfaisantes.

Dans le cas de mon action directe, les discussions ont été très intéressantes en soi, mais c’est d’abord et avant tout le processus que je trouve intéressant de partager. J’ai appris de cette expérience que je peux agir politiquement sans avoir besoin de militer au sein d’un parti ou d’un organisme. Je n’ai pas besoin de me réclamer d’une cause ou d’une idéologie pour être entendu. C’est tout le contraire, en fait. Quand on aborde les gens avec franchise et intégrité, sans chercher à influencer leur choix politique, la confiance vient naturellement et la prise de parole est facile.

Cela dit, ma tâche a été simplifiée du fait qu’il n’y a pas eu une grande affluence. Le défi d’une action directe de ce type, c’est de bien se préparer au cas où il y aurait plus de vingt personnes. Lorsqu’on dépasse la vingtaine, même avec un bon facilitateur, il devient pénible pour les participants de rester concentrés sur ce que les autres disent. Il faut être attentif à l’énergie des participants et être prêt à refaire des groupes plus petits sans perturber les échanges. Aussi, lorsqu’il y a des discussions de groupes intéressantes, il faut être en mesure d’indiquer aux participants comment obtenir des comptes-rendus. Sans comptes-rendus, une action directe de prise de parole présente nettement moins d’intérêt. Dans mon cas, je prévoyais créer des groupes de petite taille au fur et à mesure de l’arrivée des gens. Chaque groupe aurait eu un volontaire pour faciliter et j’aurais recueilli les témoignages des facilitateurs. Ça reste une expérience à tenter pour une prochaine action directe.

lundi 27 août 2012

On coupe des arbres sur le Mont-Royal!


J’ai été témoin d’un coup d’éclat médiatique vendredi dernier. Afin d’attirer l’attention des Québécois sur la coupe à blanc actuellement en cours dans la réserve faunique de La Vérendrye, un collectif de citoyens, d’organismes communautaires et d’autochtones appelé SOS Poigan avait annoncé que des arbres seraient coupés à la scie mécanique sur le Mont-Royal. Les arbres coupés vendredi provenaient en réalité d’un territoire autochtone et avaient été transportés sur le Mont-Royal pour l’occasion.

Quel est le sujet de cette nouvelle? J’en vois plusieurs : la gouvernance autochtone, l’intimidation corporative, la transformation du journalisme, la solidarité des allochtones et des autochtones.

Dans la réserve faunique de La Vérendrye vivent des familles anishinabes (algonquines) qui se gouvernent selon leur coutume ancestrale. Ce mode de fonctionnement repose sur une dimension spirituelle incompatible avec une vision marchande du territoire et de la faune et de la flore qu’on y retrouve. En réalité, les autochtones sont en lien consubtantiel (de la même substance, inséparable) avec leur territoire plutôt que d'être en lien de propriété avec lui. Comme on peut s’y attendre, les entrepreneurs et les différents paliers de gouvernement préfèrent négocier avec des représentants élus dont les décisions engagent toute la communauté dont ils sont issus. De ce point de vue, les Anishinabes ne présentent pas un front uni, puisque les élections organisées pour élire des représentants sont boycottées par une partie de la communauté. Deux visions du monde s’affrontent et seuls les Anishinabes ont la légitimité de décider du mode de gouvernance qui leur convient à eux, ainsi que (pourquoi pas?) à la Terre-Mère.

Qu’est-ce qui pousse une entreprise à couper les arbres d’une réserve faunique? Le profit de la vente du bois, bien sûr. Lorsque des femmes Anishinabes se sont dressées sur la route des employés de la compagnie forestière, que pouvaient faire ces derniers? La SQ a été appelée, les femmes ont été arrêtées et puis relâchées à la condition de ne plus gêner les opérations. La compagnie forestière a des intérêts économiques à protéger, ce qui est parfaitement légitime de son point de vue. Cependant, les Anishinabes ne sont pas les seuls à vouloir conserver les arbres de la forêt de Poigan : les arbres constituent un habitat pour la faune et les Québécois veulent vraisemblablement conserver l'intégrité de cette réserve faunique. Avant de continuer les coupes, il faudrait un véritable débat public sur la question. Les familles concernées sont maintenant représentées par un avocat. La compagnie forestière a demandé et obtenu une injonction pour continuer la coupe. C’est de bonne guerre, j’imagine, mais un très mauvais exemple pour les autres citoyens corporatifs.

L’action d’éclat a attiré de nombreux journalistes, ce qui m’a permis d’échanger avec plusieurs d’entre eux. J’ai deviné qu’ils pensaient avoir été attirés sous un faux prétexte. En effet, même si des arbres ont été coupés sur le Mont-Royal, il ne s’agissait pas d’arbres du parc du Mont-Royal. Était-ce justifié? Dans ce cas-ci, je le pense. Les Anishinabes ont besoin d’êtres entendus. Dans la forêt, personne n’est témoin de leur drame. Regardez l’intérêt porté aux arbres du Mont-Royal et le désintérêt porté aux arbres d’une réserve faunique dans laquelle vivent des femmes qui se donnent  comme rôle de protéger la terre. SOS Poigan démontre que de nombreux Québécois non-autochtones sont solidaires des familles de Poigan pour toutes sortes de raisons : par humanisme, pour protéger l’environnement, pour s’opposer à la vision du «tout à l’économie». L’événement a été couvert par des journalistes indépendants et a été diffusé en direct sur Internet pour un auditoire international. Le journalisme est en évolution et la distinction entre l’action citoyenne et l’information est peut-être moins claire qu’elle ne l’a été jusqu'ici. Je vois ceci d’un bon œil. Petite taquinerie : si les Anishinabes trouvent un processus de guérison qui leur donne une gouvernance en mesure de protéger leur territoire et de négocier avec les gouvernements, alors la communauté des journalistes pourra l’adopter pour améliorer sa propre gouvernance.

Lorsque les policiers arrivent à un événement comme celui de vendredi, ils cherchent toujours à identifier des organisateurs. C’est une façon de procéder qui est utile quand il y a une réelle organisation derrière un événement. De plus en plus, on voit plutôt des collectifs se créer à l’occasion d’événements précis. Ces collectifs n’ont pas de structure hiérarchique, pas de service d’ordre, pas de porte-parole attitré. Et ça marche! L’événement de vendredi s’est bien déroulé. Il y a eu de beaux témoignages de la part de grand-mères autochtones, de personnalités comme Armand Vaillancourt. Il y a eu des chants et des danses. Des gens de différentes nations se sont embrassés. Les Anishinabes ont eu la preuve qu’ils ne sont pas seuls. Je tire de cet événement la conviction que des gens très différents sont capables de se rassembler et d'unir leurs forces pour le bien commun. On assiste peut-être à une véritable convergence des aspirations de ceux qui souhaitent que tous vivent bien.

Pour le communiqué de presse émis par SOS Poigan à la suite de l'événement, rendez-vous au sospoigan.blogspot.ca

Le prochain événement d'intérêt en rapport avec SOS Poigan est un rendez-vous au parc Lavérendrye le 2 septembre prochain:


Appel à tous les guerrières et guerriers de l’arc-en-ciel!! Et à tout les amoureux de la Terre!

Je vous envoie ce message aujourd’hui pour attirer votre attention la situation de la coupe à blanc ayant lieu présentement dans le parc de la Vérendrye. Malgré l’objection des Algonquins, des compagnies sont sur leur terres et font des coupes sans même qu’on leur demande leur avis! C’est injuste que la loi soit si peu coopérative envers les premières nations, et ce depuis des siècles…
Nous savons déjà que ces peuples ont été plus qu’exploités et exclus, et aujourd’hui il est PLUS que temps d’agir pour que ça change!!!! Vendredi dernier, le peuple Algonquin est venu nous demander notre support en ce temps critique, ils nous ont lancé un cri du cœur, à nous et à toutes les nations pour que nous puissions trouver un moyen de les aider. Que nous puissions trouver un moyen de sortir ces compagnie de leurs terres et d’arrêter la destruction de leur forêt.

Il est temps de passer de la parole à L’ACTION, c’est pourquoi nous nous réunirons dimanche le 2 septembre prochain pour tenir un conseil de vision dans le parc de la Vérendrye. Nous allons évaluer les idées possibles pour stopper les coupes dans le parc. ATTENTION le but de l’action ici n’est pas de bloquer les machines, car nous pourrions AGGRAVER la situation! Nous voulons dabord nous réunir, montrer notre appui au peuple Algonquin et penser à un plan d’action concret qui sera intelligent et réfléchit. Nous pouvons aussi FILMER ce qui se passe sur le site et le diffuser!!!

Des idées sont déjà en route dont celle d’organiser un festival regroupant des artistes québécois au cœur de la forêt et ainsi d’attirer les gens et les médias pour constater l’ampleur des désâstres et ainsi mettre plus de pression au niveau politique sur la situation.

Personnellement je me sens interpellée par cette cause, car je partage beaucoup de valeurs avec les premières nations et je suis OUTRÉE du sort que certains « puissants de ce monde$$ » leur font subir. Et si je peux prêter main forte à ce peuple et faire une différence, alors j’y serai et je ferai de mon mieux. C’est en S’UNISSANT que nous pouvons faire une différence, en montrant que nous sommes plusieurs à ne pas être d’accord avec ces actions et que nous n’allons pas nous laisser faire. ASSEZ C’EST ASSEZ!! Redonnons LEURS DROITS à ce peuple!

Ensemble unissons-nous pour aider nos frères et sœurs à préserver leur habitat et à protéger la terre!

Je suggère que nous contactions toutes les personnes que nous connaissons, faisons circuler l’information dans notre entourage et dans nos réseaux. Regroupons-nous et faisons une différence. C’est un petit moment dans notre vie, mais qui peut rapporter beaucoup au final.

Nous avons le devoir de nous battre contre l’injustice!

Imaginez que quelqu’un entre chez vous pour briser vos biens et arracher vos arbres!!???? C’est inacceptable!!! Il faut défendre nos terres! Debout pour une justice sociale réelle! Avec notre persévérence et notre créativité nous pouvons y arriver!!

Voilà! En espérant que ce message vous éclaire sur la situation et que vous ayiez envie de participer à ce combat, qui est plus qu’un combat, mais une opportunité de se regrouper, d’apprendre ensemble et de témoigner au reste du monde le genre de Terre que nous voulons vraiment!!!!

Migwesh!

Pour avoir un bref apperçu dans les nouvelles :
http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/montreal/archives/2012/08/20120824-160132.html

ET N’OUBLIEZ PAS DE VENIR EN GRAND NOMBRE LE 2 SEPTEMBRE!

PLUS D’INFORMATIONS À VENIR SUR LE COVOITURAGE QUI SERA ORGANISÉ POUR SE RENDRE AU PARC!!!


Mise à jour du 27 août à 22:15 : Ajout du rendez-vous du 2 septembre
Préparatifs
La bannière et le logo de SOS Poigan ont été réalisés par Nadia Myre
Vous êtes beaux!
Un geste purement symbolique car les autochtones respectent les arbres.

Un superbe danseur du Lac Simon
Grand-mères à la défense de la terre
Armand Vaillancourt, sculpteur et aîné alloctone
Chants de clôture





mardi 21 août 2012

De quoi le Québec a-t-il besoin?



Les entretiens « De quoi le Québec a-t-il besoin? » sont parus en 2011, il y a moins d’un an. Pourtant, il semble s’être écoulé une éternité lorsqu’on pense à tout ce qui s’est passé dans la belle province depuis : le mouvement Occupons, l’événement Nous?, la grève étudiante, les manifestations monstres des 22 du mois, les manifestations de nuit, les nouvelles lois municipales et provinciale pour bloquer la résistance civile, le livre «Pour un printemps», les cortèges de casseroles, les assemblées populaires autonomes de quartier, le déclenchement des élections.

Les 28 et 30 août prochains, je serai dans le parc Outremont afin de parler avec les citoyens qui viendront m’y rejoindre. Ce que j’offre, c’est un lieu, une heure (17h15), mon enregistreuse, mon attention et l’expérience que j’ai acquise au cours de l’année. La forme que prendront ces rencontres dépendra des gens qui seront là. La question du nombre est importante.

« Ça prendrait, je ne sais pas, quoi, maximum vingt personnes, ce serait vraiment miraculeux! Vingt personnes qui parleraient autrement de la société, pour faire ressortir ce dans quoi on est, et qui n’est pas ce dans quoi on pense que l’on est! » — René-Daniel Dubois, écrivain, dramaturge

Si nous sommes vingt personnes ou moins, il est envisageable de former un cercle de discussion où chaque personne est écoutée par toutes les autres quand elle prend la parole. À plus de vingt personnes, l’écoute devient difficile et, si le degré d’expérience et la discipline des participants le permettent, on peut augmenter un peu, mais il faut généralement passer à une autre formule.

Si nous sommes plus de vingt personnes, je prendrai la parole pour expliquer ce que j’envisage et j’inviterai les participants à se séparer en plusieurs groupes entre lesquels je pourrai circuler.

« Ça prend des gens complètement indépendants. J’ai l’impression que ça n’existe plus. Et c’est ce qui m’inquiète pour l’avenir du Québec.  Le Québec a besoin d’une révolution utile, pas tranquille, claire, pas bureaucratique, au contraire. » — Benoît Dutrizac, journaliste, animateur radio

Je n’aime pas les mots «indépendant», «utile», «gauche», «droite». Pour cet événement, j’invite les gens à participer à titre personnel, sans défendre quelque couleur politique que ce soit.

« Le Québec dit : ’Le Canada est une zone coloniale qui nous écrase et nous empêche d’être nous-mêmes’, et l’immigrant dit : ‘La société québécoise nous empêche d’être nous-mêmes.’ L’immigrant reprend le débat victimaire à son compte et pousse le Québec à avoir un discours majoritaire en disant : ‘Il faut faire ce que la majorité demande de faire; il faut faire comme l’ensemble de la société le demande.’ — Dany Laferrière, écrivain

« Je pense qu’il faut travailler à créer des liens. Je pense qu’on s’est un peu ghettoïsés : Montréal versus les régions; à l’intérieur de Montréal, il y a mille subdivisions de communautés. Je pense qu’il nous manque cruellement des liens. Je pense qu’on s’est individualisés, mais que ça ne veut pas nécessairement dire qu’on n’a pas soif de ces liens-là. Il faudrait qu’on travaille à les construire parce qu’on se ressemble bien plus qu’on est différents. Je le sens quand on se parle, quand ça arrive, quand les rencontres sont forcées. » — Anaïs Barbeau-Lavalette, cinéaste, auteure

«Si on avait des lieux de débat, où les gens pouvaient prendre le temps d’expliquer les choses, d’argumenter, de discuter, au lieu d’être toujours dans le clip de la nouvelle, je pense que ça aiderait.» — Régine Laurent, présidente de la Fédérations interprofessionnelle de la santé du Québec

J’envisage ces rencontres citoyennes comme des lieux de débat où nouer des liens. Pour cela, il faut mettre de côté les arguments simplistes reposant sur la suprématie d’une majorité.

Lecture préparatoire facultative :

Collectif
De quoi le Québec a-t-il besoin?
Fragments d'un dialogue essentiel
Entretiens avec une vingtaine de personnalités des arts, des affaires, de la science ou de la politique au sujet de l'avenir du Québec.
Document ⁄ 2011 ⁄ 13,9 x 21,5 cm ⁄ 184 pages
ISBN 978-2-7609-1215-1

samedi 4 août 2012

Quel est le meilleur programme électoral?


J’ai décidé de faire un effort et d’aller lire les constitutions et les programmes de quelques partis qui présentent des candidats aux élections qui auront lieu le 4 septembre au Québec.

Aujourd’hui : le Parti libéral du Québec

Je commence par le Parti libéral du Québec. Ce que je trouve s’approchant le plus d’un programme est un document intitulé : « Pour le plein emploi, énoncé des principes du plan économique du Parti libéral du Québec. » Essentiellement, il s’agit d’accepter la mondialisation économique comme une fatalité :

 « Ces pays [les pays émergents comme l’Inde, la Chine, le Brésil, la Russie] drainent les investissements étrangers alors que plusieurs manufacturiers y installent leurs productions. En raison de leurs faibles coûts en main d’œuvre, les pays émergents gagnent également des parts de marché à l’exportation. »

On présente alors comme seule option valable le développement rapide d’une industrie minière dans le nord du Québec. On mise également sur le renforcement du secteur manufacturier :

« La présence d’un secteur manufacturier fort est essentielle pour assurer notre prospérité économique. »

Où est l’équité intergénérationnelle (article 1i de la constitution du parti) dans ce programme? Les ressources naturelles ne sont pas renouvelables. On presse les autochtones d’accepter une transformation radicale de l’utilisation des territoires nordiques. On choisit de mettre toutes nos économies dans les secteurs primaire et secondaire. Le premier est appelé à disparaître avec l’épuisement de nos ressources non renouvelables et dans le second nous sommes en concurrence défavorable avec les pays émergents. Je suis étonné de la piètre qualité du contenu de ce document.