mercredi 30 octobre 2013

Ad libitum

Je ressens de nouveau l'envie d'écrire. C'est bien! Pour ma dernière publication (ici), je m'étais consciemment retenu de commenter les photos. Je voulais raconter une histoire non dirigée par la langue. Pour moi, ce récit photographique témoigne d'un amour que je n'aurais pas pu montrer par l'entremise d'un court texte. Ne dit-on pas qu'une image vaut mille mots?

Las Meninas, Vélasquez (1656), Musée Prado à Madrid

Je reviens d'un voyage au cours duquel j'ai visité plusieurs cités. Des cités non pas virtuelles mais bien enracinées dans une terre européenne. J'ai baigné dans l'urbanisme, l'histoire, l'architecture et l'art de ces villes. J'ai marché à travers leurs foules, goûté leurs cuisines. J'ai senti dans mon corps une réalité à laquelle correspond l'adjectif «humain», reconnaissable de pays en pays et de siècle en siècle.

Pendant mes pérégrinations, j'ai joué avec l'idée de narration. Suivent quelques impressions, livrées de façon automatiste. Van Gogh utilisait une peinture mauve qui devient bleu délavé avec le temps. Il rêvait d'une communauté d'artistes et vécut, brièvement, avec Gauguin. Les peintres flamands ont innové dans la représentation de la réalité. Picasso a réussi à rejoindre Vélasquez malgré les 300 ans qui les séparent, grâce à leurs Ménines respectives : Las Meninas de 1656 et Las Meninas de 1957 (dans ce catalogue). Gaudi a joué avec la matière de façon poétique et grandiose. Le collectif Hackney Flashers (1974-1980) s'est servi de collages alliant photographies, textes et illustrations pour explorer l'impact de l'absence de crèches sur la vie des femmes (ici). L'Albanie a une coutume des «vierges sous serment» permettant aux femmes de vivre comme des hommes (appris au Mucem de Marseille, article à ce sujet).

Je me suis surpris à avoir un moment d'agacement dans mon article de juin : «Bonne Saint-Jean, Lise Payette!» J'y écris que je suis «non-lu» sur ce blogue. Ce n'est pas dans mon habitude. En y repensant, je crois que je commence à avoir envie d'expliquer ce que je suis en train de faire ici et que c'est cette envie d'être compris qui s'est exprimée.

À vrai dire, je me suis engagé dans le projet «Cité d'Athéna» sans trop savoir ce qui allait en résulter. J'avais envie d'avoir un espace où je pourrais m'exprimer en toute liberté, sans autres contraintes que celles inhérentes au médium. Je voulais me concentrer sur le contenu, avec peu de travail à faire sur l'aspect visuel. Au départ, j'ai pris le nom «Asclépios». C'est à ce dieu de la médecine que Socrate voulu, le jour de son exécution, qu'on sacrifie un coq. Puis, avec le temps, j'ai décidé de présenter ce blogue en mon propre nom, par soucis de clarté. Si je me souviens bien, je présentais ce blogue comme une expérience théâtrale, inspirée du bouddhisme tibétain, de la philosophie de Platon et du théâtre de Jean-Pierre Ronfard. Par bouddhisme, je voulais dire que cette expérience s'inscrivait dans la pratique du don. De là, ma volonté d'écrire avec franchise, sans commanditaires et sans chercher à plaire à un public précis. De Platon, je retenais l'humanité de ses personnages, sans oublier l'intention de communiquer un amour de la sagesse. Peut-être par bravade, j'ai annoncé certaines publications dans le canal #polQc, invitant de ce fait une élévation de la pensée philosophique chez nos politiciens. Et, comme Jean-Pierre Ronfard, je voulais jouer avec les formes, que ce soit le théâtre ou d'autres médiums, pour dévoiler les rouages d'une transcendance collective.


J'aime bien la Cité d'Athéna. Y écrire, c'est un peu comme revenir chez moi.