lundi 3 octobre 2016

À propos de la séparation

Une famille dans le film satirique La vie est un long fleuve tranquille
À partir du point de vue biologique que nous avons choisi, on observe que les êtres humains, lorsqu’ils s’accouplent et donnent naissance à des enfants, s’entraident pour protéger leur progéniture, la nourrir et lui transmettre des connaissances. L’individu cohabite avec ses parents, ses frères et ses sœurs pour une partie importante de sa vie et continue ses interactions avec eux bien après avoir atteint l’âge adulte.

Pour se repérer dans ces interactions, l’être humain utilise un symbole qui désigne, entre autres, les enfants et leurs parents. Il s’agit de la famille. La longévité individuelle rend parfois possible l’interaction d’un parent avec ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants. De plus, il peut se produire des inclusions au sein d’un groupe parental autrement que par la procréation. La famille signifie ainsi l’ensemble des individus liés par la parenté, l’alliance et l’adoption. Le rôle d’orientation du symbole est d’abord acquis chez l’individu par la conscience de l’existence de sa mère et des autres individus qui interagissent avec lui, puis l’utilisation du symbole s’étend par acquisition de la langue jusqu’à désigner indifféremment toute famille.

Pour éviter un paradoxe sémantique, il est nécessaire de distinguer le symbole de la famille tel que nous l’entendons ici du concept du même nom qui est couramment utilisé en biologie. En effet, la classification traditionnelle des espèces vivantes emploie la famille dans le sens d’une composition d’espèces. Dans ce contexte, l’être humain est compris dans la famille des hominidés, qui contient l’espèce homo sapiens et, entre autres, les australopithèques, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles. C’est par analogie du lien évolutif au lien parental que les biologistes en sont venus à utiliser la famille dans leurs classifications.

La séparation est un autre de ces symboles utilisés très tôt dans l’enfance. La psychologie nous enseigne que l’enfant de un an est capable d’imaginer l’existence d’une chose dont il se souvient et qui n’est pas accessible à ses sens. Par exemple, c’est un repère important pour l’enfant de savoir s’il est séparé ou non de sa mère. Au cours du développement, la séparation acquiert aussi la signification logique de distinction : des choses séparées ne sont pas la même chose. En même temps, le symbole de l’identité joue un rôle d’orientation complémentaire à celui de la séparation : la famille est la même chose pour l’individu et ses proches. Et par extension, des choses identiques sont la même chose.

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